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L'art
ne vient pas coucher dans les lits qu'on a faits pour lui ; il se sauve
aussitôt qu'on prononce son nom : ce qu'il aime c'est l'incognito.
Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s'appelle.
Jean Dubuffet
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BOHDAN
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PICASSIETTE
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Brut
de Brut : |
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BOHDAN
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BOHDAN
LITNIANSKI
" Ici,
presque tout est artificiel ou plastique, sauf les fleurs, elles sont
véritables !
J'ai stocké des tas de matériaux pendant des mois, derrière
la maison. J'avais mon idée et je me suis mis à construire
deux colonnes à l'entrée du terrain, magnifiques ! Toutes
bien travaillées avec du verre, et après ça, j'ai
continué tout autour. J'ai tout mélangé et j'ai fait
un petit peu tous les jours, j'ai tout recouvert pour faire magnifique
! "
"
Vous pouvez arriver à faire quelque chose avec n'importe quoi
! C'est possible avec de la patience et du courage. Certains pensent que
je ne veux voir personne, je ne comprends pas, moi si je fais tout ça,
c'est pas pour le cacher ; en ce moment, je travaille derrière
la maison et je ne peux pas toujours m'en occuper. L'autre jour, il y
a une voiture qui s'est arrêtée pour filmer avec le camescope
à travers la vitre. Moi je me suis approché pour parler,
ils ont pris peur, ils ont démarré leur voiture et ils sont
partis. Des gens qui sont farouches, qui me prennent pour un fou ou je
ne sais pas. Enfin chacun a son idée, il y e qui font comme ça,
moi je fais autre chose, je ne dérange personne. "
" Quand
j'ai acheté cette petite maison, je me suis dit : il faut que tu
te débrouilles ! Il n'y avait rien. Tu vas tout faire avec les
mains pour abriter ta famille. J'ai alors pensé : puisque tu n'as
rien, tu vas faire quelque chose de magnifique, tu vas faire du neuf avec
du vieux ! "
Dela différence
Mais
cette ouverture d'esprit est un risque pour les " autres ".
Au pays des pavillons pantouflards, on aime les nains de Blanche Neige,
les graviers roses bien calibrés, l'image d'un monde propre et
stérile : les choses doivent rester dans leur cadre et rien ne
doit déranger les habitudes de vie " tranquille ".
Pour les gens du voisinage, l'inconnu n'est que source d'ennui et de danger,
ils préfèrent l'aborder derrière un écran
de télévision ou dans des parcs d'attractions. Ils ont formé
les yeux de peur de trop voir la médiocre réalité,
niant ainsi cette ouverture essentielle pour les inventeurs d'art.
En installant leurs uvres entre eux-mêmes et les autres, ces
artistes nous invitent à dialoguer dans leur propre langage, un
langage visuel et vivant. Car la communication est devenue primordiale
dans un monde où les échanges sont trop souvent commerciaux
et où la profondeur de la vie, hérissée de ses problèmes
multiples, n'est jamais prise en compte.
Olivier Thiebaut
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PICASSIETTE |
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PICASSIETTE
Raymond
Isidore (1900-1964) est devenu, lui aussi, l'une des gloires de ce panthéon
populaire. L'occasion, l'audace et la volonté président
une fois encore à la réalisation de l'uvre d'une vie.
Le modeste cantonnier, affecté à l'entretien de l'un des
cimetières de Chartres, raconte ainsi le début de son aventure
créatrice : " J'ai d'abord construit ma maison pour nous abriter.
La maison achevée, je me promenais dans les champs quand je vis
par hasard des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle
cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs
couleurs et leur scintillement. J'ai trié le bon, jeté le
mauvais. Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors
l'idée me vint d'en faire une mosaïque, pour décorer
ma maison. Au début, je n'envisageais qu'une décoration
partielle, se limitant aux murs. " De la fin des années trente
au début des années soixante, Raymond Isidore, bientôt
surnommé Picassiette, décore de mosaïques en faïences
cassées l'intérieur de sa maison et les objets qu'elle contient,
puis il magnifie les murs extérieurs, construit une chapelle, une
maison d'été, acquiert une parcelle limitrophe de son jardin
où il réalise un vaste ensemble, le Tombeau de l'Esprit.
Acquise par la ville de Chartres en 1981, la Maison Picassiette, classée
monument historique deux ans plus tard, fait désormais partie du
patrimoine.
La
plupart crée dans leur jardin et accueille volontiers afin de partager
leur fierté et la joie qui les habite. Le choix du jardin est significatif
d'une volonté de communication. Seuil, césure entre l'habitat,
privé, et le domaine public, sur lequel il s'ouvre, d'où
on peut le regarder, organisé à la fois pour soi et vers
les autres, il permet d'afficher un acte personnel dans l'espace social.
Exerçant ou ayant exercé une activité manuelle, les
auteurs de ces aménagements ne sont pas des artistes du dimanche
: leur implication personnelle dépasse largement le cadre du hobby.
En dépit des pressions sociales et marchandes, ils refusent la
banalité du jardinet conventionnel et l'utilitarisme du potager
traditionnel, mais aussi la décoration tout-venant, le kitsch de
l'industrie culturelle. Vrais naïfs, véritables primitifs
au sein de la civilisation de l'image, dont ils s'inspirent, ils récusent
le caractère stéréotypé des nains de jardin
et renouent avec les rêves de l'enfant que fascinent les animaux
du Paradis, les chars d'assaut ou les avions. Ils s'évadent dans
un eden où l'inventivité métamorphose les poncifs.
Au
hasard des trouvailles, cet art d'évasion enseigne l'audace de
céder en pleine lumière aux désirs, et notamment
au désir d'accéder à une identité propre et
plénière, de maintenir face aux autres les traits d'une
singularité. Il donne l'exemple d'une capacité à
employer pour son propre profit et son propre plaisir une force de travail
trop souvent aliénée. Cet art cultive généralement
une esthétique du plein, de l'excès. La peur du vide se
réveille quand vient l'heure de la retraite. La menace latente
d'une vacuité de l'existence est ici à la fois conjurée
et désignée.
C'est
sans doute l'une des raisons pour lesquelles cet art nous émeut,
et pour lesquelles il dérange : la constitution d'un espace de
liberté et de dignité, aussi modeste fût-il, menace
toujours, au moins potentiellement, l'ordre établi.
Denys Riout
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L'HÉLICE
TERRESTRE
"
tout confirme ici que la véritable substance du monde est donnée
par la forme en creux. "
Italo Calvino, Collection de sable.
Jacques
Warminski est un de ces lumineux archi sculpteurs qui se sont donnés
pour folle mission de sculpter la terre. Hercule des troglos, il a transformé
un hameau troglodytique qui abritait jusqu'en 1950 de modestes familles
d'ouvriers, en un monumental espace d'arts plastiques. Une termitière
humaine qui évoque l'air et la terre, une Hélice terrestre.
La parenté artistique avec le Land Art est évidente mais,
à la différence des expériences éphémères
de Dennis Oppenheimer ou de Richard Long, Jacques Warminski travaille
dans la durée. A force d'acrobaties architecturales, il a creusé
loin du monde un labyrinthe qui s'enfonce commune vrille dans le ventre
de la terre, chantant à sa manière l'antique union de l'art
et de la nature.
C'est au fond de la cour principale du hameau, creusée dans le
calcaire, que l'Hélice terrestre est née. Celle-ci est édifiée
selon le principe que toute forme a son revers. Au concave (surface en
creux) correspond le convexe (surface bombée). L'espace est ainsi
composé d'une surface souterraine, vaste ensemble de galeries creusées
dans le tuffeau et reliées entre elles par de petits diverticules
sombres et labyrinthiques et d'une surface à ciel ouvert, l'amphi-sculpture.
Aux formes concaves des parties souterraines offertes aux mystères
de la nuit, émergent en écho les formes convexes de l'Amphi-Sculpture
ouvert aux clartés de la lune et du soleil.
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L'HÉLICE
TERRESTRE
Espace d'arts plastiques permanent
Village troglodytique de l'Orbière
49350 SAINT-GEORGES-DES-SEPT-VOIES
(35 km au sud-est d'Angers)
Tél. 41 57 95 92
Ouvert tous les jours du 15 avril au 15 octobre, de 11 h à la tombée
de la nuit
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LA
FABULOSERIE
La
Fabuloserie est devenue le grand refuge des artistes hors normes qui peignent,
sculptent, dessinent dans le plus grand des secrets à l'écart
des circuits artistiques professionnels. Fondé en 1983, ce musée
rassemble un millier d'uvres d'autodidactes, tous gens de condition
modeste à la recherche d'une rédemption sociale. Une population
d'ouvriers, petits paysans, vachers, forgerons dont l'extrême pauvreté
associée à un imaginaire exibérant explique souvent
le choix des matériaux : débris et déchets de la
société industrielle, os, vieux tissus, boîtes de
conserve, cageots, vaisselle cassée, plumes fil de fer, bois flottés
Une collection privée réalisée sur plus de trente
ans par Alain et Caroline Bourbonnais, un couple passionné
d'art insolite, brut, insensé, qui découvriront dans les
années soixante que la France est peuplée d'inconnus dont
la seule raison sociale est de créer avec frénésie,
sans souci esthétique, accumulant toiles, broderies, poupées
marouflées, grès
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LA
FABULOSERIE
89120 DICY
(27 km à l'est de Montargis)
Tél. 86 63 64 21
Ouvert de Pâques au 2 novembre les samedi, dimanche e fêtes,
de 14 h à 18 h ; tous les après-midi en juillet-août
Visite commentée |
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L'ABBÉ
FOURÉ
LA FRANCE
INSOLITE
Dans
la paisible campagne mayennaise, un dragon à la gueule béante
garde l'univers de Robert Tatin ; à Rothéneuf, sculptés
dans le rocher, les corsaires de l'abbé Fouré regardent
la mer avec fierté ; en Dauphiné, c'est le Facteur Cheval
qui réunit dans un même rêve de pierre toutes les architectures
de la planète
Hommage rendu
aux " Grands Ancêtres ", les précurseurs de l'art
hors norme ouvrent les pages de ce livre consacré essentiellement
aux créateurs singuliers d'aujourd'hui. Cette nouvelle génération
d'autodidactes de l'imaginaire travaille loin des villes. Sculpteurs mystiques,
prophètes de l'Apocalypse ou collectionneurs frénétiques,
ils sculptent, assemblent, rassemblent, peignent le plastique, le bois,
la pierre, détournent les objets à vocation industrielle
pour recréer un univers extraordinaire aux marges les plus étranges
de la culture esthétique officielle.
Ecrivain-voyageur,
poète avant tout, Claude Arz est allé à la
rencontre de ces irréguliers de l'art. A travers analyses et interviews,
s'appuyant sur une très riche illustration (130 photos couleur,
la plupart inédites), l'auteur fait revivre ici plus de cent lieux
magiques, autant de continents aux architectures hors du commun, peuplés
de créatures et de divinités issues d'un panthéon
personnel, perdus le long des chemins d'une France parallèle.
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L'ARACINE
Collection
de l'Aracine
Extrait avant-propos Joëlle Pijandier Cabot / Savine Faupin
Car,
soulignons le, la découverte et la connaissance de l'art brut sont
le fruit d'engagements passionnés et de recherches entreprises
depuis un siècle par des médecins psychiatres tout d'abord,
rapidement rejoints par des artistes et des intellectuels. L'art brut
apparaît en tant que phénomène artistique dans le
champ de ce que l'on a nommé jusque récemment " l'art
des fous ", dès la fin du XIXe siècle, avec le développement
des hôpitaux psychiatriques. Quelques médecins éclairés,
généralement amateurs d'art, comme Jean-Martin Charcot.
Cesare Lombroso, Marcel Réja, Hans Prinzhorn ou Gaston Ferdière,
reconnaissent, dans les productions artistiques de certains malades mentaux,
une dimension créatrice et une force d'expression qui excèdent
largement la valeur symptomatologique qui leur était généralement
attribuée. Des projets de musée sont formés très
tôt par certains de ces médecins.
Puis des
artistes s'engagent dans la même voie : Paul Klee ; les surréalistes,
parmi lesquels André Breton, au premier chef, et Max Ernst, pour
lesquels l'" art des fous " et les uvres médiumniques,
qui sont part constitutive de l'art brut, ouvrent à des territoires
mentaux situés en marge des voies balisées par la conscience
et la rationalité. L'intérêt manifesté entre
les deux guerres par ces expressions s'inscrit dans un contexte général
d'ouverture à l'altérité et au relativisme culturel,
marqué par la constitution de la science ethnologique.
Jean Dubuffet
s'y intéresse aussi dès 1923 et invente, pour nommer cet
art, qui résiste à toute entreprise de définition
globalisante et à tout effort taxinomique, le terme d'art brut.
La Frénouse
devrait être un livre d'images, un peu comme les cathédrales
médiévales, destiné à initier les hommes à
une nouvelle culture. Les murs, qui disparaissent sous des torrents de
chevelures de ciment coloré, sont historiés de frises surréalistes,
fantastiques. Les personnages sculptés en saillie empruntent aux
civilisations les plus diverses. Une même statue peut avoir un visage
asiatique, un corps aztèque, des mains celtiques. La planète
Tatin se veut le résumé microcosmique de toutes les
langues des peuples passés, présents et futurs. En construisant
son Arche, Tatin a jeté un pont artistique et philosophique entre
l'Orient et l'Occident.
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Le
Musée Robert Tatin
La Frénouse, 53230 COSSÉ-LE-VIVIEN
530 KM AU SUD DE Laval)
Tel. 43 98 80 89
Ouvert tous les jours sauf le mardi et le dimanche matin,
10 h à 12 h / 14 h à 17 h 30 en hiver
10 h à 12 h /14 h à 19 h en été
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FACTEUR
CHEVAL
Comme
de nombreuses entreprises de ce type, celle-ci débute par le choc
d'une rencontre fortuite. Lors de ses tournées quotidiennes de
quelque vingt-cinq kilomètres, le facteur Cheval aperçoit
des pierres dont les formes étranges excitent sa curiosité
: " Je me suis dit : puisque la nature veut faire la sculpture, moi,
je ferai la maçonnerie et l'architecture. " Durant plus de
trente ans, Ferdinand Cheval, en dépit des railleries, ramasse
et accumule au long des chemins les matériaux composites de son
Palais. Fier du travail accompli, il écrit sur son uvre :
" Au champ du labeur, j'attends mon vainqueur. " Opiniâtre,
le facteur revendique son appartenance : " Tout ce que tu vois,
passant, est l'uvre d'un paysan. "
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ARTHUR
VANABELLE
STEENWERCK
(NORD)
" Au début je voulais faire une girouette, j'ai fait un avion,
puis deux, c'est comme ça que j'ai commencé. J'ai toujours
aimé l'aviation.
J'ai jamais vu un avion de près, le seul avait été
abattu en août 1940 pendant la bataille d'Angleterre, il était
tombé dans un champs à Bailleul.
Pour avoir une idée j'ai regardé dans les journaux, un hélicoptère
c'est pas bien compliqué.
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Guide
de l'art insolite / Nord/Pas-de-Calais, Picardie
Francis DAVID
HERSCHER
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CHATEAU
D'OIRON
Au
château d'Oiron, Jean-Hubert Martin renoue avec l'esprit
de la renaissance. Il ne s'agit pas de reconstituer un cabinet de curiosités
mais d'en restituer l'atmosphère d'émerveillement. Le château
est devenu ainsi un territoire d'expérimentation artistique où
les artistes s'emparent d'inventions et les transforment. Passerelles
entre l'art contemporain et l'art intuitif, ils y réinventent le
monde, se réapproprient les objets de la civilisation post-moderne.
Ils cherchent une nouvelle vision globale de l'évolution, révélant
l'invisible. Jubilation des artistes aux frontières de la science,
de l'art et de l'archéologie surréaliste.
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CURIOS
ET MIRABILIA
CHÄTEAU D'OIRON
79100 OIRON (30 km au nord de Poitiers)
Tél. 49 96 57 42
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