Bruno Quinquet (installation sonore)    

  Extraits des 5 pièces en .mov
         

Ancien élève de l'école Louis Lumère (Paris), Bruno Quinquet est ingénieur du son dans le milieu discographique. depuis 2000, il réalise en oute la sonorisation de vidéos. Ses recherches personnelles autour des sons de la vie quotidienne se ratachent directement à la " musique concrète " : collecte puis manipulations d'un matériel sonore préexistant, aussi bien le bruit que le son dit musical. L'installation présentée au Musée Antoine-Lécuyer est un exemple de son travail.

C'est en 1948, dans le club d'essai de la R.T.F. (Radio Télévision Française), que le groupe de musique concrète fut créé par Pierre Schaeffer (rejoint en 1949 par Pierre Henry qui à partir de 1958 se consacrera surtout au son électronique). Bruno Quinquet traite les sons sur ordinateur et non avec des magnétophones comme Pierre Schaeffer dans les années 1950. Son objectif reste cependant le même que celui de son aîné : non plus seulement capter et retenir les sons mais les modifier, les transformer pour concevoir un " objet sonore ", selon les mots de pierre Schaeffer : " L'objet sonore, c'est ce que j'entends ; c'est une existence que je distingue... Comment passe-t-on du sonore au musical ? Sonore, c'est ce que je perçois ; musical c'est déja un jugement de valeur. L'objet est d'abord sonore avant d'être musical ".

Consacré aux arts visuels, leMusée Antoine-Lécuyer est un lieu hautement sonore. Quel visiteur n'a pas remarqué le bruit produit par l'entrechoquement des lattes de son parquet sous les pas. Chacun l'explique comme il le peut, avec plus ou moins d'humour : " parquet flottant ", " système de sécurité "...La raison est simple. Inauguré en 1932, le musée avait été concçu sans protection solaire. Pendant plus de soixante ans, les salles reçurent donc, par ses verrières zénithales et ses larges baies en plein cintre, l'action combinée de la chaleur et des ultraviolets du soleil. C'est ainsi que le bois se rétracta. Faute de n'être plus parfaitement ajustées, les lattes se heurtent entre eles sitôt qu'elles sont foulées, produisant ce bruit si particulier.

Initialement, Bruno Quinquet avait l'idée de créer une composition sonore à partir du seul parquet. Il étendit progressivement son travail à l'ensemble des sons glanés au musée au cours de l'été 2002. Le pas pressé du conservateur qui se rend d'une salle à l'autre, le grincement de la porte de service, la surprenante acoustique et le craquement du parquet de la rotonde, les applaudissements, les voix des visiteurs, le son du clavecin de Benoist Stehlin (1750) et des extraits de l'audioguide furent captés puis traités sur ordinateur. Cinq ambiances sonores sont ainsi nées, plongeant l'auditeur dans des univers à la fois oniriques et fantastiques.
Le dispositif d'écoute de l'installation détourne également l'un des équipements du musée: l'audioguide, cet appareil portatif permettant d'écouter le commentaire pré-enregistré de certaines oeuvres prestigieuses. Pour accéder à une plage sonore, le visiteur doit composer sur l'appareil qui lui a été spécialement remis dans le cadre de l'exposition, le numéro apposé sur le lieu d'enregistrement des sons. La visite traditionnelle du musée s'accompagne donc d'une quête des cinq ambiances sonores, chacune correspondant à un espace différent.

    En route  
  Abysse  
  Fantôme  
  T'as vu  
  Charme  
   
Pascal Lièvre
(vidéo)
   
 
Guillaume Serve
(vidéos)
 
 
     
Présentation
par Hervé Cabezas
Conservateur du Musée Antoine lécuyer
 
  variation en valeurs de gris pour l'illustration de Guillaume Serve, vidéo (extrait)